« Parfois c'est difficile de retranscrire, on doute si la base rythmique est binaire ou ternaire - puisque c'est souvent les deux en même temps »
Entretien Gert Kilian avec Jimmy Braun
Instrument énigmatique, le balafon fait partie de la culture de nombreux pays d’Afrique, dont des représentants fidèles portent le son jusque dans nos contrées européennes. Des gens "piqués" par le balafon, il y en a et il y en aura.
Gert Kilian est l’un de ceux dont le balafon démange et envoûte depuis plusieurs décennies. Devenu batteur de rock et blues à douze ans, plus tard multi-percussionniste et l’un des pionniers de la «musique du monde» en Allemagne (vingt 33-tour / CD avec les groupes Orexis, Drumpact, Les Zoulousains, Argile, Looping, Kâla, Voyages Africains), est aujourd’hui un balafoniste passionné et remarqué. Nous avons donc décidé de lui poser quelques questions afin de vous faire découvrir cet artiste.
Étant donné que tu as débuté ta carrière comme batteur de rock, ensuite tu as fait des études de musique classique, comment as-tu eu l'idée de travailler le balafon ? Comment as-tu découvert l'instrument ?
J'ai découvert le balafon lors de mon premier voyage en Afrique en 1979, à Kati, village proche de Bamako/Mali. Ce voyage avait pour objectif d'aller aux sources du rythme. On a passé dix jours au Sénégal avec des maîtres tambours pour une première approche des sabars (tambours à peau). Puis on a continué vers le Mali. On s'est arrêté à Kati, village proche de Bamako, où j’ai entendu le balafon pour la première fois de ma vie. C’étaient deux balafonistes virtuoses qui jouaient dans la nuit, éclairés par des phares de voiture, accompagnant deux danseurs acrobatiques qui symbolisaient le bien et le mal. J'étais fasciné par le son du balafon, bien sûr, mais j'ai aussi compris tout de suite que cet instrument était pour moi l'idéal d'un instrument de percussion mélodique, sur lequel je pourrais exprimer non seulement le rythme, mais aussi la mélodie, mieux: le rythme mélodique ou la mélodie rythmique!
En lisant ta biographie, on se rend compte que tu as beaucoup voyagé ; en Inde, en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Trinidad & Tobago, en Afrique Quelle culture a marqué le plus ton esprit ?
La culture africaine. Depuis 1980, j'ai voyagé treize fois en Afrique - au Sénégal, au Burkina Faso, au Cameroun et surtout au Mali, et plus particulièrement dans la région de Sikasso, où l'ethnie Senoufo continue de produire des balafolas virtuoses. Plus tard, plusieurs fois à Konsankuy / Mali, le village natal de mon ami et collègue Aly Keita. Là, puis à Bobo Dioulasso / Burkina Faso, j'ai organisé des ateliers internationaux de balafon pour mes élèves avancés de France, d'Allemagne, de Hollande et de Suisse.
Quel est le balafoniste africain qui t'a le plus influencé dans ton travail ?
Mahama Konaté de Bobo Dioulasso / Burkina Faso du groupe Farafina. Il joue également en tant qu'invité sur mon disque "percussion unlimited" avec mon groupe d'alors, Drumpact. Mais tout aussi important pour moi est Aly Keita, un virtuose à la frontière entre tradition et modernité, avec lequel j'ai sorti le double DVD " The Balafon with Aly Keita & Gert Kilian " chez l'éditeur français "Le-Salon-De-Musique".
Avec une méthode d'apprentissage, un documentaire et un livre.
Les percussions à clavier rencontrent le balafon
Le balafon d'Afrique de l'Ouest est l'un des ancêtres musicaux des instruments à percussions mélodiques comme le marimba, le xylophone, le vibraphone ou le glockenspiel. La manière caractéristique de jouer du balafon est basée sur la "l'indépendence coordonnée". (two-way-coordination) entre les deux mains. La structure de la musique traditionnelle de balafon est construite sur des motifs complémentaires (interlocking patterns), composés de deux, trois ou quatre motifs et d'une mélodie placée au- dessus. A cela s'ajoute la partie solo, soit avec une main d'accompagnement ostinato (R ou L), soit avec des phrases solo librement improvisées. L'expérience avec cette musique apporte une inspiration pour le jeu des percussions à clavier. Gert Kilian donne des stages, anime des ateliers, des masterclasses et fait du coaching pour des ensembles à percussion.
Echos d'ateliers ou coachings de groupes avec Gert Kilian
"Gert Kilian transmet ce à quoi on ne pense pas assez dans notre culture - le sens du rythme, la création spontanée, l'écoute et la réaction les uns aux autres et...tout simplement le plaisir de Jouer !"
Joachim Nestel - Professeur de percussion à l'Ecole de Musique de Böblingen / Allemagne.
"J'aimerais exprimer mes remerciements les plus sincères à Gert pour sa séance de balafon inspirante avec les étudiants du Conservatoire de Musique de Sydney. Gert est un musicien merveilleux et un professeur inspirant."
Daryl Pratt - Professeur at The University of Sydney / Australie
CONSERVATORIUM OF MUSIC
"L'atelier de Christchurch avec Gert Kilian a été un après-midi avec un excellent équilibre entre l'éducation (musicale et historique) et le divertissement. Nous avons appris les poly-mouvements, les poly-rythmes et de nombreuses (poly) idées pour l'interprétation de la pentatonique. Hautement recommandé !"
Brett Painter - Percussion solo - Orchestre symphonique de Christchurch / Nouvelle Zélande / Directeur du groupe Pandemonium Percussion
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